Tilcara
Lundi 12 Juillet :
J’avais en tête l’idée
d’aller à Tilcara, d’y passer la nuit, et de revenir le lendemain dans l’après-midi. Je m’étais
donc renseignée un peu plus tôt et savais qu’il y avait un bus qui partait à 7h
et un autre à 10h30.
J’avais donc mis le
réveil vers 9h, en me disant que comme ça je serais partie vers 10h. Pas moyen
de me lever avant 9h30, et le temps de faire mon sac et tout, je prenais
seulement le petit-dej’ à 10h… En voyant le ciel tout gris, j’étais un peu
déçue, et j’ai eu peur de ne pas y voir grand-chose une fois arrivée à
destination.
Quand je suis retournée
dans la chambre récupérer mes affaires, j’ai trouvé 5 français fraichement
arrivés posés sur les lits : je les ai pas ratés de beaucoup
pourtant… !
Finalement, je suis
arrivée pour payer à la réception vers 10h15 et pas de bol, il manquait 10
pesos pour me rendre le change. La réceptionniste me dit donc d’aller acheter
mon billet de bus et de revenir avec la monnaie que ça m’aurait fait, mais
visiblement elle a dû comprendre que je comptais aller à Tilcara seulement le
lendemain… Je lui dis donc que je reviendrai le lendemain, et m’en vais à la
gare, un peu en speed, en croisant les doigts pour arriver à temps.
J’ai quand même réussi à
avoir mon billet (100 pesos l’aller-retour, environ 20 €), et me voilà montée
dans le bus. Je m’installe et là, 5 français voyageant en famille débarquent,
l’une d’entre eux à côté de moi, les autres devant. J’ai donc discuté un peu en
attendant le départ. C’était assez particulier, parce que bien qu’en plein
milieu de l’Amérique du Sud, on aurait dit que le bus n’était pas du
coin : derrière nous, des hollandais (ou flamands, j’en sais rien), et
puis un peu partout des anglais, des français, enfin pas des locaux en tout
cas !
Et puis là, grosse
surprise. Je vois monter dans le bus Cécile, une fille avec qui j’ai été deux
ans dans la même classe au collège, qui était dans le même lycée que moi, avec
qui j’ai même partagé quelques soirées par la suite, et dont nos mères se
connaissent… Bref, le truc totalement improbable. Au début, on a juste échangé
quelques regards, ne sachant pas trop si c’était bien ça ou pas, mais après
être allée s’installer, et alors que je discutais avec la femme qui était à
côté de moi, j’entends un « Hélène ? ». Ah ben oui, c’est bien moi !
Bon, ok, je savais
qu’elle était en stage à Buenos Aires, mais JAMAIS j’aurais pensé la rencontrer,
surtout pas comme ça, et encore moins dans un bus à destination de La Quiaca
(le terminal) !
Du coup on a un peu
discuté, échangé quelques anecdotes de voyage et elle m’a dit qu’ils avaient
loupé le bus précédent à 2 minutes, qu’ils avaient couru après, mais qu’il
avait refusé de les prendre. Enfin bref, ça a failli ne pas arriver, mais
c’était assez irréel comme situation !
J’ai encore discuté un
peu avec la femme à côté de moi, ce qui a permis de faire passer un peu le
temps, parce que même s’ils ont passé deux films, le tout était en espagnol,
donc un peu chaud pour tout comprendre.
A San Salvador de Jujuy,
je suis descendue acheter un sandwich salami-fromage à un petit gars qui
vendait ça sur le quai : je préfère pas savoir comment ils ont été faits
mais bon, au moins ça nourrit ! Et à 5 pesos, on va pas demander la lune,
non plus… Sur la route, le temps est toujours bouché et je suis déçue, parce que
j’ai peur de faire le trajet pour rien. D’autant plus que les couleurs des
montagnes ont l’air magnifiques mais vraiment, on n’y voit rien…
Et tout à coup, un peu
avant le petit village de Tumbaya, le soleil pointe le bout de son nez, et les
nuages commencent à s’évaporer lentement : wouhou !
A un moment, le bus
s’arrête près d’un petit village (Tumbaya je suppose maintenant, mais j’en sais
trop rien) et dépose des gens. Un peu après avoir redémarré, je regarde ma
montre : 14h15. Je regarde le petit papier où j’avais noté les horaires et
là, grosse panique : on était censé arriver à 14h10 !!! Je vais donc
voir le chauffeur, qui me dit qu’il annoncera quand on arrivera sur place.
En fait, je me suis
inquiétée pour rien puisqu’on n’avait pas encore passé Purmamarca… Finalement,
je suis arrivée vers 15h, sous un grand soleil.
Première mission :
trouver une auberge de jeunesse. Sur le chemin, je vois un office de
tourisme : j’y fais donc un petit tour, pour récupérer un plan du village.
Premières images :
L’auberge que j’avais
repérée dans le Guide du Routard est tout au bout du village… Mais également
tout au bout d’une belle petite grimpette ! Un peu essoufflée, j’entre et
demande s’ils ont de la place pour ce soir… Mais non ! Y en a plus !
Sympa le petit exercice pour arriver et au final s’en retourner bredouille…
Heureusement la fille, super accueillante, m’a conseillé une adresse pas très
loin : ça tombe bien, j’avais pas envie de redescendre tout en bas du
village pour faire le tour des autres adresses du Routard. J’ai quand même
profité un peu de la vue en repartant :
En arrivant à l’autre
AJ, je l’ai tout de suite « bien senti », en plus le cadre est super
chouette :
Une Allemande venait
juste d’arriver, atterrie là de la même manière que moi. On a discuté un peu,
puis elle m’a dit qu’elle allait visiter El Pucará, chose que j’avais prévue de
faire aussi. Mais j’avais besoin de poser mes affaires etc, donc je suis partie
un peu plus tard qu’elle.
Quand je suis ressortie, il commençait à faire
sérieusement froid, et le vent commençait à se lever également, mais la petite
balade pour arriver sur place était sympa, dans les rues non goudronnées
pleines de terre :
Arrivée sur le site, je pensais devoir payer 10
pesos, mais en fait c’est gratuit le lundi, chouette ! Alors que je
m’apprêtais à visiter toute seule, j’ai vu un petit groupe qui allait partir
avec un guide, je me suis donc incrustée, et c’est toujours plus intéressant
d’avoir quelques explications ! Par contre, il faisait un vent monstrueux
et glacial. J’ai regretté de ne pas avoir pris mon bonnet que j’avais acheté à
Puente del Inca…
En fait, El Pucará, c’est un village Inca qui a
été découvert dans les années 60 je crois, et qui a été rénové. Les maisons
sont toute petites, mais ils y vivaient à quatre ou cinq, sachant que
l’intérieur n’était réservé que pour faire la cuisine et dormir
et… Stocker les os des défunts, sympa ! Bon sinon, le paysage était
chouette aussi.
Arrivée au temple, j’ai croisé Ana, l’Allemande,
qui était en train de siroter un mate.
Elle m’a proposé de le partager, mais je ne l’aime que dulce… Et puis j’ai aperçu Cécile. Je n’ai pas compris, parce
qu’ils étaient descendus à Jujuy, mais peut-être qu’ils sont venus en voiture
ou en remis !
Le
Monsieur à qui j’ai demandé de prendre la photo m’a dit qu’il avait de la
famille en France, mais je ne sais plus si c’était à Marseille ou dans les
Pyrénées
Je suis ensuite redescendue, parce que le vent
était vraiment insupportable, et j’ai fait un petit tour dans le jardin botanique,
mais il y faisait toujours aussi froid !
Je me suis alors réfugiée dans la petite salle
où ils passaient un documentaire mais pas trop longtemps, parce que je voulais
essayer d’aller visiter le musée archéologique. Finalement en repartant, j’ai
fait un petit tour par les vendeurs de souvenirs, mais j’ai hésité à
acheter : j’ai quand même cédé pour un petit ocarina et une Pachamama,
déesse de la terre, le tout pour 13 pesos (2,60 €). Puis retour vers le
village, où j’ai croisé sur le chemin deux bergères et leur troupeau de moutons
(mais pas voulu les prendre de face, par respect pour elles).
Je me suis alors baladée sur la place du village,
parce qu’il était déjà 17h50 et que le musée ferme à 18h, passant de petite boutique
en petite boutique, les doigts me démangeant d’acheter une tapisserie, pour
laquelle j’avais déjà eu un coup de cœur à Puente del Inca… J’ai encore
recroisé Ana, qui m’a dit qu’elle allait acheter des cartes postales. Je lui ai
demandé où elle en avait trouvé, mais je n’ai pas compris.
Quand j’ai eu fini mon tour, je ne savais plus
quoi faire. J’étais congelée (on va encore me dire que je me répète, mais je ne
suis plus habituée à des températures proches de zéro !!!) et il était à
peine 18h30 : je pensais recroiser Ana pour lui proposer d’aller boire un
café, mais je ne l’ai pas revue. Tant pis, j’y suis allée toute seule, et
j’étais bien contente d’être au chaud ! J’en ai profité pour commencer à
écrire quelques cartes (après avoir récupéré l’usage de mes doigts). Au bout
d’une bonne demi-heure, ça commençait sérieusement à se vider, je me suis donc
décidée à ressortir, mais je ne savais toujours pas quoi faire, et je trouvais
que 19h, c’était un peu tôt pour rentrer à l’auberge ! Je suis donc passée
dans une boutique artisanale « en dur », puis dans une petite galerie
marchande dont la plupart des boutiques étaient fermées, mais au moins j’étais
à l’abri. Je suis passée devant plusieurs restos, mais 19h, c’est tôt pour
manger, surtout en Argentine, donc il n’y avait personne à l’intérieur. Je suis
tombée un peu par hasard sur l’église, que j’ai « visitée » en
faisant un peu durer le plaisir, juste pour faire passer le temps, mais au
final le tour est vite fait, et je me suis à nouveau retrouvée bredouille…
Retour sur la place,
mais cette fois je n’en peux vraiment plus, je ne peux pas attendre plus
longtemps : je décide de retourner à l’auberge, quitte à ressortir une
heure plus tard pour aller manger. Et puis finalement, après avoir passé le
portail, j’ai croisé une femme qui était à l’auberge, et qui me dit qu’elle va
acheter à manger pour faire un repas tous ensemble. Elle me demande donc si je
veux me joindre à eux : ça tombe très bien !
Une fois rentrée, je
fais connaissance avec les autres : David, un Américain ; Lucas, le
proprio ; Damián, un Argentin du coin et Carlos, un Colombien qui m’a
raconté qu’il s’était baladé en short et tongs dans le village l’après-midi
parce que toutes ses affaires étaient à la laverie : le fou !
Nous avons donc papoté
tous ensemble puis siroté un (enfin ptetre un peu plus…) verre de vin tout en
préparant à manger une fois que Gaby (une Cordobesa) est revenue avec les ingrédients nécessaires, le tout au
son du charango (petite guitare en
carapace de tatou fabriquée dans les Andes) et de la voix de Damián :
l’ambiance était vraiment bon enfant et je me suis tout de suite sentie
« comme à la maison ».
J’ai
fait le « cliché français », juste après que Lucas ait dit qu’il
craignait qu’on critique le petit-dej’ pour la qualité du pain (en tant que
Française) et celle du café (Carlos, en tant que Colombien…)
Le
guiso : plat du pauvre dans la
réalité, où l’on fait cuire tous ce qu’on a en réserve pour se nourrir. Là,
c’était juste des oignons, des tomates, du potiron, plusieurs sortes de patates
de la région (rappelez-vous : plus de 300 sortes !), des pâtes et des
restes d’asado de la veille. Pas
mauvais, nourrissant, et un repas qui nous a coûté 12 pesos (2,40 €) par
personne !
La
répartition dans deux plats : ça avait l’air difficile !
Lucas, Damián et David
Carolina (une Espagnole
qui nous a rejoints un peu plus tard), Ana et Lucas
Carlos, Gaby et Carolina
Le repas s’est passé à
discuter de tout et de rien, encore arrosé de quelques verres de vins (et je
persiste et signe : après avoir testé en anglais et en espagnol, et avec
différentes personnes, il se trouve que l’on comprend beaucoup mieux et qu’il
est beaucoup plus facile de communiquer après quelques verres !). Visiblement,
la personne chargée d’acheter un dessert n’avait pas accompli sa tâche :
nous avons donc fini avec des Smarties qui s’appellent pas Smarties, mais ça
faisait l’affaire !
Après, un Tilcareño nous a rejoints (je ne me
souviens pas de son prénom), étudiant en Histoire, et son niveau de culture
était impressionnant : il connaissait un tas de choses sur tout. Nous
avons donc passé le restant de la soirée à discuter avec lui, enfin plus à l’écouter
qu’autre chose, d’ailleurs, mais c’était vraiment intéressant.
On est finalement parti
se coucher vers 1h-1h30, mais j’avais la tête pleine de souvenirs (et peut-être
un peu d’alcool aussi, masi ça faut pas le dire) et je crois que je ne suis pas
près d’oublier cette soirée !